Je ne sais pas pour vous …. mais moi je m’interroge sur « le Monde d’Après ».
Je lis, j’écoute, j’échange et j’entends tous les avis. Les résignés se disent que de toute façon tout recommencera comme avant, les optimistes ou utopistes. (?) veulent croire à un autre Après.
Je souhaite aujourd’hui juste partager avec vous des réflexions pour cheminer et tenter dans ce brouillard de dessiner ce qui pourrait influer sur ce monde d’après.
Quand on regarde derrière nous, force est de constater que nous avons déjà collectivement vécu de grands traumatismes : les guerres, des pandémies, des crises économiques, le terrorisme qui ont créé des mouvements de solidarité forts. Les attentats terroristes qui ont frappé notre pays en 2015 nous ont rassemblé quelles soient notre couleur de peau, notre religion, nos convictions politiques, notre parcours personnel… nous avons tous comme un seul être été Charlie et avons salué les forces de l’ordre en première ligne pour nous protéger et nous défendre. Quelques années plus tard, la situation a bien changé….
Aujourd’hui, tous les jours à 20h nous applaudissons tous les soignants. Nous nous trouvons un sens commun. La lutte contre ce virus est devenu notre projet collectif dans une société qui n’en a plus.
C’est bien mais qu’est-ce que cela va changer pour demain?
Isabelle Stenger, philosophe, déclare dans une interview à RTBF le 21 mars » Il va falloir prendre des responsabilités et se réapproprier le pouvoir de penser l’avenir. Mais on a souvent dit après la crise de 2008 que les choses ne seraient plus jamais comme avant et on a aussi vu que tout est redevenu la même chose« .
Nous ne savons ni quand ni comment nous allons sortir de ce confinement qui a arrêté nos vies. Mais nous savons déjà que le réveil sera très douloureux et que le retour à une vie « normale » sera long. Mais qu’est ce qu’une vie normale???
Voyons quels sont les faits:
– Le chômage explose en France. La prolongation du confinement va mettre notre économie sous tension même si après ces premières semaines certaines entreprises se sont adaptées pour reprendre une activité partielle, d’autres restent complètement à l’arrêt.
C’est une énorme crise sociale qui se dessine et qui risque de laisser un grand nombre de personnes dans une situation critique.
– Cette crise sanitaire nous fait prendre conscience de la nécessité de notre souveraineté nationale et européenne dans des secteurs prioritaires comme la santé, l’alimentation, l’éducation et l’énergie.
Comme le rappelle Guillaume Durand dans Alternatives Economiques du 7 avril :
« Il y a, derrière la mondialisation, une logique économique de base qui n’est pas (seulement) celle du grand capital : concevoir des produits et les fabriquer pour 7 milliards d’êtres humains, cela permet de les vendre (nettement) moins cher que de le faire pour seulement 66 millions de Français. Et c’est d’autant plus vrai que la mise au point et la production de ces biens est intensive en investissements matériels (machines) et immatériels (R&D). Pour cette raison, il y aurait de fortes chances pour qu’un monde vraiment « démondialisé » soit aussi un monde où les gens seraient – presque tous – plus pauvres. C’est pourquoi il ne faut pas confondre relocalisation de l’économie – indispensable en effet dans de nombreux secteurs – et « démondialisation ». L’enjeu, c’est plutôt de réussir à relocaliser la production et discipliner les multinationales, sans forcément fermer les frontières ».
La démondialisation n’est certainement pas la panacée mais un retour sur des secteurs prioritaires à plus de proximité semble faire consensus mais pas n’importe comment. C’est l’opportunité de changer méthodes et process pour être plus économes en ressources et respectueux de notre environnement . Hubert Védrinne expose cette vision dans le blog de Pierre Ratcliffe :
« Il faudra aussi tout écologiser: agriculture, agro-industries, industries (y compris chimiques), transports, construction, énergie, modes de calculs macroéconomiques (type PIB). Cela conduira à rerégionaliser davantage les courants économiques. À rendre la production et l’économie circulaires (plus de recyclage, moins de déchets). Cela mènera à une mutation en dix ou quinze ans de l’agriculture et de l’agro-industrie. À une révolution dans les transports, et dans d’autres domaines. Tout cela a commencé, dans les pays les plus avancés, mais va devoir être accéléré et généralisé ».
Crise économique, crise sociale, crise écologique (climat, biodiversité), crise culturelle… tout cela est lié.
Quel sens commun allons-nous savoir créer? Quelles nouvelles solidarités peuvent émerger? Quelles nouvelles coopérations entre les états peuvent se mettre en place? Quel rôle voulons-nous jouer individuellement? Quel collectif sommes-nous capable d’accepter même si tout le monde ne bouge? Quelles opportunités allons nous savoir saisir? Sommes-nous prêts à penser différemment? A quoi sommes-nous prêts à renoncer?
Je n’ai pas les réponses à ces questions. Je me les pose comme vous certainement. Mais ce en quoi je crois, c’est que « Ce sont les petits ruisseaux qui font de grandes rivières ».
Articles de références :
https://www.rtbf.be/lapremiere/emissions/detail_dans-quel-monde-on-vit/accueil/article_cynthia-fleury-apres-la-crise-du-coronavirus-il-faudra-combattre-ceux-qui-vous-diront-qu-il-faudra-continuer-comme-avant?id=10467447&programId=8524
https://www.alternatives-economiques.fr/guillaume-duval/attention-aux-illusions-de-demondialisation/00092376
http://pierreratcliffe.blogspot.com/2020/03/hubert-vedrine-le-choc-du-coronavirus.html