Nous avons tous été frappés par les mots employés par le Président de la République lors de son allocution de mi-mars. Le mot guerre prononcé à plusieurs reprises nous a saisi. Certains ont jugé qu’il était inapproprié, de quel ennemi parle-t-on ?
D’autres pensent qu’il est juste. C’est notamment le cas de l’Amiral Olivier Lajous que j’ai eu la chance d’écouter lors d’un webinar. Il a partagé sa vision de la crise actuelle à travers son regard de militaire.
Il explique que la guerre est définie par trois caractéristiques :
1/ Provoquer un déferlement d’ennemis. Dans notre cas, c’est le covid-19.
2/ Entraîner un dérèglement de la société. C’est le confinement et ses conséquences.
3/ Créer des divergences de regards et d’opinions qui génèrent angoisse et inquiétude.
Face à une telle situation, dans la marine il faut se mettre à la cape. Mettre le bateau face au vent permet de tenir le temps de la survie. C’est ce que les entreprises font actuellement pour sécuriser leur trésorerie, leur activité et leurs équipes.
Pour avoir lui-même vécu des moments de tension en intervention, il raconte comment il a adapté son comportement :
– naviguer à vue : C’est s’adapter aux nouvelles informations et données au fur et à mesure qu’elles sont connues sur le virus. Accepter et gérer cette incertitude.
– se concentrer sur sa mission : Chacun doit être concentré sur ce qu’il a à faire car c’est une chaîne dans laquelle chaque maillon compte. C’est le cas pour la chaîne médicale, alimentaire, éducative, etc… qui se sont mises en place.
– partager et échanger avec les gens pour aller chercher des solutions et tous les possibles : C’est la solidarité autour de la fabrication des masques et de gel hydro-alcoolique par des acteurs industriels dont ce n’est pas le métier. L’ingéniosité qui transforme un masque de plongée en matériel respiratoire pour les services de réanimation. Les Makers qui se mobilisent pour fabriqués des visières avec leur imprimante 3D, etc…
En parallèle, il faut agir sur trois niveaux :
– Tactique : agir ici et maintenant
– Opérationnel : coordonner les actions
– Stratégique : penser et préparer l’Après.
Cet « Après », c’est selon lui préparer l’humain qui avec toutes ses émotions est au cœur de cette guerre. Comment en sortir vivant pour apprendre dans le monde d’Après à vivre avec le covid-19 ?
Après avoir surmonté la situation et être reparti, il faut en tirer toutes les leçons.
Nelson Mandela disait « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends ».
Il est important d’inscrire les actions qui découlent de ces enseignements dans le temps, d’avancer en agilité en mode test &learn, d’en mesurer les avancées en célébrant les victoires.
En effet, il faut remobiliser sur du positif pour recréer une dynamique vertueuse
Sur un bateau, l’Amiral doit faire confiance à son équipage. C’est le pari d’une relation réussie qui met chacun en responsabilité. Partager le pouvoir, c’est une force qui permet de préparer la relève et faire face à toutes les situations.
Par analogie, il pose qu’il faut repenser nos gouvernances pour qu’elles soient partagées autour d’une vision commune. Chacun agit localement en direction d’un même cap. En équipage, chacun compte et on gagne ensemble.
Comment repenser les modes de collaborations au sein des entreprises, des administrations et dans la société ? Comment trouver le bon équilibre, comme il le dit, entre JE et NOUS ? Comment capitaliser sur l’intelligence collective « Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin », proverbe africain ?
Cela me fait penser à Jean-François Zobrist, Directeur Général de FAVI qui disait lors d’une conférence que « la bienveillance engendre la confiance qui engendre la performance »… A méditer…
Pour en savoir plus sur l’Amiral Olivier Lajous:
https://portail-ie.fr/short/1891/lamiral-olivier-lajous-nomme-a-la-presidence-de-bpi-group