Selon l’Obsoco, 66% des français s’accordent sur le fait que « consommer et acheter ce qui fait plaisir contribue fortement au bonheur », c’est 8 points de moins qu’en 2017.
La recherche d’épanouissement personnel semble de moins en moins satisfaite par l’hyperconsommation. Vivre plus proche de la nature, être plus en lien avec les autres, se recentrer sur ce qui est important pour chacun impactent nos modes de consommation.
Quelles sont les tendances clés ?
*Le numérique s’impose dans notre quotidien La fermeture de nombreux commerces a favorisé l’utilisation massive du digital. 37% des Français déclarent recourir aux applications de marques pour rechercher des informations. 24% estiment que leurs achats en ligne seront plus importants qu’avant la pandémie.
Dans ce contexte, pourquoi cet emballement sur les délais de livraison? La crise nous a obligé à ralentir le rythme mais les acteurs du e-commerce se sont lancés dans la course à la réduction des délais de livraison. Carrefour et Deliveroo, Casino et Uber eat s’associent pour proposer de livrer vos courses en 30 minutes ! Certains nouveaux acteurs se lancent dans le 15 ou 10 minutes chrono !!!
Est-ce raisonnable ? … quand on sait que pour 64% des Français le coût de livraison est très important loin devant le délai de livraison (44%). On peut également s’interroger sur l’impact écologique? 70% des consommateurs sont prêts à voir leurs délais de livraison s’allonger pour bénéficier de livraisons plus respectueuses de l’environnement et 20% à les payer (un peu) plus cher.
*Le retour en grâce de la proximité 25% fréquentent bien plus les commerces de quartier. La complémentarité numérique et commerce de proximité se renforce. Le drive progresse de 10 points et le click & collect de 12 points.
*Faire attention à notre alimentation 34% des Français ont radicalement changer leurs habitudes alimentaires. 64% consomment plus de produits locaux. Naturalité, saisonnalité des produits et respect du monde animal sont en tête des considérations pour respectivement 93% des consommateurs (+6 pts), 89% (+4 pts) et 87% (+8 pts) qui les jugent importants ou très importants dans leurs achats quotidiens.
*Acheter d’occasion Le marché de la seconde main représenterait 7 milliards€ selon Xerfi. Selon une étude réalisée fin 2020 pour la banque Oney, le critère du prix est ainsi la première motivation pour 86 % des Français concernant l’achat de produits d’occasion ou reconditionnés, suivi à 78 % par l’impact environnemental.
Hybridation numérique et commerce physique, retour du local,mangersain pour prendre soin de soi, recycler, réutilisersont des illustrations de cette « consommation responsable » dont on entend beaucoup parler. Ces tendances se sont renforcées depuis un an. Dans une étude menée pour Citéo, l’Obsoco évalue à 44% la part des Français les plus engagés dans une consommation plus responsable et à 21% ceux qui ne s’y intéressent pas.
L’enjeu majeur devant nous ? L’impact social de cette crise sanitaire qui est devant nous. Selon l’Obsoco, près de 40 % des Français déclarent appartenir à un ménage dont le revenu a baissé avec la crise.
Depuis mars 2020, nous sommes à la fois en pleine tourmente et dans le brouillard. Tel un bateau, nous naviguons individuellement et collectivement à vue. Nous avons perdu nos repères habituels pour tracer notre route.
1/ L’atteinte à la biodiversité = la cause de ce virus ?
Comme le précise Jennifer de Temmerman et Alain Dubois dans la préface de leur rapport « Repenser nos sociétés à l’aune des ODD » dans le cadre de la Fondation Jean Jaurès :
Pourtant, ce n’est pas la première épidémie à portée internationale. Ces dernières décennies ont été marquées par les virus H1N1, Ebola et Zika, mais la propagation est demeurée relativement restreinte à certains continents et les autorités sanitaires ont souvent réussi à les circonscrire à certaines espèces animales avant la transmission (possible toutefois) à l’homme sur nos territoires. D’autres épidémies nous sont tellement familières qu’elles ne sont plus perçues comme telles (grippe ou sida).
Aussi ces menaces n’ont-elles peut-être pas suffisamment été prises au sérieux comme le suggérait pourtant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe en 2016 à travers la voix de Sílvia Eloïsa Bonet, rapporteure, parlementaire de la principauté d’Andorre : « Certains experts sont convaincus que la prochaine menace de contamination à l’échelle internationale proviendra d’un autre virus, très probablement transmis par voie respiratoire ou aérienne comme le SRAS, et susceptible de se propager sur de grandes distances et plus rapidement, à l’image de la flambée épidémique survenue en République de Corée en mai 2015, avec un schéma comportemental totalement différent de l’épidémie d’Ebola. »
Propos prémonitoires en 2016…. L’atteinte à la biodiversité entraîne le développement de zoonoses, maladies infectieuses qui passent de l’animal à l’homme. C’est une prise de conscience violente pour une partie de la population mondiale épargnée jusqu’à présent. Le changement climatique et toutes ses conséquences s’imposent au cœur de nos modes de vie et de consommation. Les lignes bougent. L’état légifère (ex : Loi contre le gaspillage et l’économie circulaire en 2020). Nos propres comportements évoluent. De plus en plus d’entreprises changent leurs pratiques. Les mentalités se transforment enfin…
2/ La nécessité d’une souveraineté nationale
La France d’après-guerre s’est reconstruite autour de grandes priorités notamment l’indépendance énergétique avec le nucléaire et une agriculture performante pour nourrir durablement une population qui avait souffert de privations. Cette crise sanitaire nous a rapidement rappelé que nous devons impérativement maîtriser certains secteurs : l’énergie, l’alimentation et la santé. Proposer des aliments de qualité, en quantité suffisante, respectueux des sols est un enjeu important et complexe pour toute une filière. Rapatrier en France, certaines molécules pour fabriquer en autonomie les médicaments dont nous avons besoin est aussi stratégique.
Enfin, j’aurais envie d’ajouter l’éducation. Préparer les enfants d’aujourd’hui aux enjeux de demain est capital. Former tout au long de la vie chacun pour s’adapter à une évolution rapide des métiers fait aussi partie de notre indépendance.
3/ Des inégalités sociales amplifiées
Déjà présentes, elles sont accrues par la crise que nous connaissons. Nous avons tous été frappés à la Une de la presse par le terme « Les Invisibles ». Il représente toutes celles et tous ceux qui ont un impact social fort mais dont la reconnaissance pécuniaire n’est pas proportionnelle. Personnel soignant, techniciens de surfaces, éboueurs, manutentionnaires, agriculteurs, vendeurs, ouvriers, chauffeurs, etc… ils sont nombreux ceux qui ont continué à travailler pour accueillir les malades, approvisionner les Français. Autre inégalité révélée par cette crise : l’inclusion numérique qui a laissé sur le bord de la route de nombreux jeunes malgré la mobilisation d’acteurs locaux. Aujourd’hui, on estime à 13 millions le nombre de Français éloignés du numérique (Mission Société Numérique – Ministère de l’Economie et des Finances). Cela couvre à la fois l’accès à un matériel adéquat mais aussi la formation nécessaire pour utiliser les outils.
Une digitalisation de notre quotidien qui fragilise aussi de nombreux acteurs économiques mal préparés à ce tsunami. Cette crise oblige de nombreuses entreprises à réaliser en quelques mois des transformations qu’elles pensaient initialement avoir le temps de mener. Mais elles sont loin d’avoir intégré le potentiel mais aussi les risques que pourraient représenter l’Intelligence Artificielle, la 3D, la 5G, etc…sur leur modèle économique s’ils n’étaient pas pris en compte.
En réponse à cette situation, on assiste aussi à la naissance de nouvelles solidarités. L’état intervient par les mesures de soutien aux secteurs les plus touchés (même si dans de nombreux cas, ils ne suffiront malheureusement pas). Les régions, départements et communes se mobilisent pour accompagner les entreprises et les population. De nombreuses initiatives de digitalisation des commerces locaux ont été mises en place pendant ce second confinement. Les associations et les citoyens sont parties-prenantes pour aider et faire émerger toutes les initiatives gagnantes. Je pense notamment au bel élan du mouvement citoyen « Croisons le faire » qui mobilise en région Hauts de France toutes celles et ceux qui veulent agir et croient en l’intelligence collective.
4/ La crise de la confiance
Comme l’explique Antoine Bristielle dans le rapport : « Bas les masques ! » : Sociologie des militants anti-masques (fondation Jean Jaurès) : « En utilisant les données du Baromètre de la confiance politique, Luc Rouban (La matière noire contre la démocratie) montre ainsi que, lors de la précédente décennie, la confiance dans l’institution présidentielle, pourtant pilier de notre régime, avait chuté de neuf points, passant de 34% à 25%. » Cela s’est concrètement traduit par le mouvement de protestation des gilets jaunes (majoritairement à gauche), les pro Raoult et anti- masques (principalement à droite), les 46% de Français qui déclarent ne pas faire confiance au vaccin Covid (54% favorables selon une étude Ipsos d’octobre 2020) jusqu’aux diverses théories du complot comme la vidéo Hold-Up.
5/ Quel projet de société pour la France ?
Finalement tout ce que nous vivons depuis des mois et qui est latent depuis des années, ne nécessite-t-il pas de nous redéfinir un projet commun ? Après-guerre, il fallait reconstruire, s’équiper, donner accès à l’alimentation, au confort, à l’éducation au plus grand nombre. Il nous fallait regagner notre place dans le monde, être reconnu comme une puissance, défendre nos territoires et tenir notre rôle parmi les plus grands.
Aujourd’hui, quel est notre idéal ?
Comment vivre ensemble de façon plus durable sur cette planète ? Les enjeux environnementaux sont aussi sociaux et économiques. Le pays se déchire, se radicalise. Nous pouvons parfois donner l’impression que ce qui nous sépare est devenu plus important que ce qui nous rassemble depuis des siècles. Quel est notre socle commun ? Comment créer des ponts entre nous pour nous relier ?
Depuis la loi Pacte, de plus en plus d’entreprises redéfinissent leur raison d’être. Certaines deviennent entreprises à mission (ce qui ne les exonèrent pas de faire face au paradoxe économique dans un marché mondial). D’autres s’engagent dans une démarche de labélisation B-Corps (une centaine en France en 2020). D’autres encore se mettent en chemin pour s’améliorer, conscientes de leur impact.
Quelle est la raison d’être de la France? Comment voulons-nous construire notre avenir et celui de nos enfants ? Quelle démocratie et quelle gouvernance voulons-nous ?….
Nous en avons beaucoup entendu parlé des circuits courts pendant le confinement. Ils ont été plébiscités par nombre d’entre nous car plus proches et plus sécurisants que les grandes surfaces.
Ne revenons nous pas à ce que nos grands-parents ou arrières grands-parents faisaient ? S’approvisionner localement de produits de saison, disponibles sur le marché ou dans les commerces en proximité, voir cultivés dans le potager ?…
Mais qu’appelle-t-on « Circuit court » ?
Cette notion est encore floue et dans le langage quotidien peut recouvrir des significations qui n’ont rien à voir : bio, local, fabriqué en France, etc…
Selon l’étude mise en place en 2016/2017 par le Pôle interministériel de Prospective et d’Anticipation des Mutations économiques (Pipame) sur « l’économie sociale et solidaire ; les circuits courts alimentaires », est considéré comme circuit court tout mode de commercialisation reposant sur : – un intermédiaire maximum entre le producteur et le consommateur final. Ce qui signifie donc : producteur – consommateur, producteur – distributeur – consommateur, producteur – restaurateur – consommateur, producteur – transformateur – consommateur.
– une proximité géographique entre le producteur et le consommateur final Les autorités françaises ont quant à elles sélectionné un rayon de 70 kilomètres pour l’application des mesures agroenvironnementales et climatiques d’aides aux circuits courts relevant de la politique agricole commune.
Dans cette étude, les personnes interrogées parlent plus volontiers de « circuits courts et de proximité », définis comme un mode de commercialisation « qui valorise le lien social, la transparence, l’équité dans les échanges, la coopération des acteurs, le maintien ou la création d’emploi et qui préserve l’environnement ».
Quelle part les ménages octroient-ils aux circuits courts dans leur budget alimentaire ?
Les ménages consacrent à l’alimentation une part de plus en plus réduite de leurs dépenses de consommation : 13% en 2018 contre un peu plus de 20% en 1970 (source Eusrostat/Satista) . Un poids certes en retrait mais des dépenses qui se valorisent avec des produits de meilleure qualité, ou davantage transformés (produits surgelés et plats préparés) au détriment de produits bruts exigeant plus de temps de préparation. Le confinement a été propice à cuisiner en famille. Il est possible que certaines habitudes perdurent, rééquilibrant le rapport entre plats déjà cuisinés et à préparer.
Selon l’étude de Pipame, les circuits courts représentaient en 2017 de 10 à 15 % des achats alimentaires.
Un sondage Ipsos réalisé en février 2014 révèle que :.
– 41 % des Français achètent souvent voire très souvent des produits locaux, contre 20 % rarement ou jamais.
– Parmi ceux qui en consomment, 69 % disent en consommer davantage ces deux dernières années.
– 59 % affirment vouloir en consommer plus dans les six prochains mois.
Parmi les facteurs qui expliquent l’évolution croissante de cette demande figurent :
– La perte de confiance dans les produits alimentaires, liée à la succession de crises sanitaires. Ce qui motive une recherche de proximité pour plus de traçabilité et de qualité.
– La volonté de soutenir des producteurs locaux fragilisés par la pression exercée par la grande distribution
Les circuits courts s’organisent !
La distribution de produits en circuits courts s’organise depuis près de 30 ans en France avec une accélération ces dernières années. A côté des AMAP (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne), de La Ruche qui dit oui !, d’autres plus ou moins grands sont nés comme O’Tera dans le Nord, Frais D’ici chez Gamm Vert, etc…
Le plus important de tous, implanté sur tout le territoire est Grand Frais. Créé en 1992, le réseau qui compte plus de 230 points de vente s’est développé sur la promesse d’un large choix à des prix compétitifs grâce à un approvisionnement en proximité, ce qui n’empêche pas l’enseigne de proposer des produits qui viennent de plus loin.
Les hypermarchés eux-mêmes renforcent les liens avec les producteurs locaux avec comme objectif affiché de soutenir les filières.
Cette tendance est durable.
Les crises sanitaires des 30 dernières années nous ont fait prendre conscience de l’impact de l’alimentation sur notre santé. La crise Covid a réaffirmé l’impérieuse nécessité de notre souveraineté alimentaire. Les instances politiques ont compris qu’une alimentation de qualité et auto-suffisante imposait de revoir d’amont en avant de la filière les relations entre toutes les parties-prenantes.
C’est la raison pour laquelle les états généraux de l’alimentation en 2017 ont posé le cadre de cette nouvelle relation avec la loi Egalim promulguée par ordonnance en octobre 2018.
Pour rappel, cette loi a pour objectif de : – Relancer la création de valeur et en assurer l’équitable répartition -Permettre aux agriculteurs de vivre dignement de leur travail par le paiement de prix justes – Accompagner la transformation des modèles de production afin de répondre davantage aux attentes et aux besoins des consommateurs – Promouvoir les choix de consommation privilégiant une alimentation saine, sûre et durable
Notre transition alimentaire ne fait que commencer. L’état a légiféré pour régulé la filière. Mais nous, consommateurs? pouvons tout simplement agir quotidiennement avec plus de raison en achetant des fruits et des légumes de saison localement et en réduisant notre gaspillage alimentaire….
Quelques chiffres à méditer, selon l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), le gaspillage alimentaire des foyers français représentent 30 kg par an et par habitant dont 7 kg concernent des aliments encore emballés. Cela représente entre 100 et 160€ par an et par personne, soit l’équivalent de 12 à 20 milliards d’€ par an en France…
La crise sanitaire a accéléré les changements et révélé des failles dans notre système scolaire.
Notre école souffre de multiples maux. Chaque classement PISA démontre à quel point la France se fait distancer par un système très inégalitaire selon les milieux sociaux et le genre. Nous ne savons pas donner confiance aux élèves, valeur essentielle pour apprendre à s’adapter. 31% des petits Français se sentent » comme étrangers à l’école ».
Comment préparer les enfants d’aujourd’hui à devenir des adultes, citoyens du monde de demain incertain?
La conférence organisée par Franceinfo et WE DEMAIN, du 24 septembre 2020, a permis de mettre en avant quelques unes des nombreuses initiatives et expérimentations qui se multiplient partout en France. De nombreux enseignants, témoins de l’inadaptation du système éducatif à de plus en plus d’enfants, se questionnent sur leur rôle et cherchent de nouvelles voies.
1/ LE NUMERIQUE comme une ressource supplémentaire au service des élèves et des professeurs
Autant le numérique récréatif est déjà très installé dans le quotidien des adolescents, avec des effets souvent négatifs, autant beaucoup reste à faire sur le numérique éducatif. Il doit s’inscrire comme un outil de continuité pédagogique sans jamais remplacer l’enseignant. La récente crise sanitaire a montré à quel point notre système n’était pas prêt à exploiter les ressources du numérique au service de l’enseignement. Le sujet ne se limite pas à équiper les établissements en matériel. Pour former ces jeunes citoyens au numérique de demain, il faut commencer par écouter les enseignants et coconstruire avec eux les solutions adaptées. Ainsi certains professeurs ont, sur leur temps libre, développé des solutions numériques complémentaires à leurs cours pour accompagner leurs élèves. C’est le cas de Sophie Guichard qui propose des cours de math en vidéo sur youtube et a lancé la plateforme mathenvideo pour apprendre et comprendre les maths de façon ludique. https://www.mathenvideo.fr/
2/ LES PEDAGOGIES ALTERNATIVES pour développer l’estime de soi
De plus en plus de parents recherchent une approche pédagogique personnalisée qui s’adapte à chaque enfant. Avancer à son rythme, identifier les centres d’intérêt, encourager et valoriser. C’est ce que fait Christian Maréchal, professeur des écoles, éducateur et formateur Montessori à Roubaix. « J’observe l’enfant, je vois ses centres d’intérêts et je lui montre une activité en fonction de ce que j’ai observé. L’adulte a tendance à agir trop vite et à imposer sa façon de faire à l’enfant. Il suffit d’attendre et de le laisser travailler. Ainsi l’enfant crée par lui-même ». Apprendre à l’enfant à faire tout seul, est au cœur de la méthode qui apporte autant au petit qu’à l’enseignant. Comme le disait Maria Montesori » Nous n’élevons pas les enfants pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde aura changé lorsqu’ils seront grands ». Expérimenter, coopérer, communiquer sont autant de compétences qui permettent à l’enfant d’avancer et gagner en confiance.
Albert Einstein disait » Le jeu est la forme la plus élevée de la recherche ». Des enseignants ont choisi de proposer à leurs élèves des jeux d’évasion pédagogiques(« Escape Game »). Chaque jeu permet de travailler des connaissances liées à un thème et des compétences (collaboration, coopération, relation, communication, etc). L’aspect ludique crée une relation différente entre les élèves et les enseignants. L’attention est captée par l’activité dynamique. Les plus réservés ont un nouvel espace d’expression hors du cadre habituel qui leur permet souvent de prendre confiance et trouver leur place.
Christelle Quesne, Professeure d’anglais dans un collège de l’académie de Rouen est conceptrice de jeux d’évasion pédagogiques et a lancé le site : https://www.cquesne-escapegame.com/, ressource et espace de partage pour de nombreux enseignants.
4/ LEARNING BY DOING pour être acteur de son apprentissage
Dans la continuité de l’Escape Game, Ange Ansour et François Tadéi ont lancé les Savanturiers. Cette école de la recherche est un programme éducatif qui promeut l’éducation par la recherche, aux niveaux national et international, en proposant projets pédagogiques, formations ainsi que ressources et méthodologies scientifiques.
Un projet, qui fait le lien avec le programme scolaire et les compétences à acquérir est proposé aux enfants. Par la mise en situation concrète en groupe, les enfants questionnent, s’informent, raisonnent, collaborent, arbitrent, décident et réalisent. Etre acteurs de leur apprentissage permet de préparer ces jeunes aux enjeux du monde de demain..
5/ CLASSE MUTUELLE ET CLASSE INVERSEE, un nouveau paradigme
Ces approches changent la relation entre l’enseignant et ses élèves. La classe mutuelle rend le jeune acteur de ses connaissance puisque c’est lui qui partage son savoir avec le reste de la classe. L’élève change de posture et l’enseignant également puisqu’il est assis avec le reste du groupe.
Dans le cas de la classe inversée, l’objectif est de mettre du sens dans la rencontre pédagogique entre l’enseignant et les élèves. Le temps passé ensemble est consacré la mise en pratique des connaissances qui auront été abordées en amont à la maison. Le cours est préparé sur la base des indications fournies par le professeur. L’élève ne passe plus son temps à recopier la leçon en cours et faire seul les exercices à la maison.
Dans les deux cas, le rapport sachant/apprenant change pour rendre la pédagogie plus active.
6/ L’ECOLE DU DEHORS ou la pédagogie par la nature
4 enfants sur 10 ne jouent jamais dehors la semaine. Nos enfants sont coupés de la nature. Or l’espace extérieur est riche d’opportunités pour les enseignants et les enfants. Il permet de découvrir et acquérir des connaissance sur la faune et la flore. Les enfants peuvent aussi réaliser un projet et naturellement coopérer, raisonner, construire, etc… plus qu’ils ne le feraient dans une classe. L’école en pleine nature est développée au Danemark et commence à être expérimentée en France, comme par exemple en Bourgogne. Après des petites classes, l’expérimentation va être étendue au collège. http://www.terra-symbiosis.org/projets/graine-bourgogne-franche-comte-ecole-du-dehors
7/ LES NEUROSCIENCES POUR CHANGER L’ECOLE?
Les progrès en neuroscience permettent de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau et ont révélé sa plasticité. Notre cerveau est avide de stimulations. Elles le font évoluer tout au long d’une journée. C’est une découverte importante qui démontre que dès les premières heures et tout au long de sa vie, l’être humain a besoin d’être stimulé. La plasticité du cerveau marque la fin du déterminisme et du fatalisme. Comprendre son fonctionnement ne fait pas tout. Il faut définir au service de quoi ces stimuli doivent s’opérer, pour développer quelles compétences?
L’école est entrain de changer. Certes, il reste beaucoup à faire. Mais partout en France, des enseignants se questionnent, se mobilisent, partagent et explorent de nouvelles voies. Ils sont conscients et concernés par l’importance du CARE: Prendre soin de soi, des autres, de la planète.
La récente crise sanitaire a été l’opportunité de mettre en place de nouvelles coopérations entre les enseignants, avec les élèves et les parents. Elle a aussi été révélatrice de la rigidité du système éducatif descendant insuffisamment à l’écoute du corps professoral et des élèves.
Comment toutes les parties-prenantes peuvent-elles coconstruire l’école de demain pour préparer les enfants à être les citoyens de leur quartier, de leur ville, de leur pays, du monde?
On parle beaucoup de la transformation des entreprises, comment l’école elle aussi se transforme? Quelles inspirations et partages d’expérience imaginer?
Voici deux lectures différentes mais complémentaires que je pourrais résumer à « Comment trouver L’Equilibre dans le Monde d’Après? »
La première est l’ouvrage de Eric Hubler et Philip Blanc : « L’équilibriste » aux éditions Un monde différent. Les auteurs s’intéressent aux leviers qui permettent à chacun de trouver son équilibre dans la vie. A travers un récit romancé, ils nous racontent la rencontre entre un homme en plein tourment et inconsciemment en quête de soi, et un vieil homme, sage et éclairant au crépuscule de sa vie.
Ce dernier va lui faire découvrir la subtile puissance de l’équilibre, point de convergence de tous nos antagonismes et clé de notre épanouissement. La vie y est symbolisée par un fil que nous parcourons tel un équilibriste entre équilibres et déséquilibres.
Lecture inspirante dans la période d’incertitudes et instabilités que nous vivons pour garder le cap sur ce qui nous anime et est bon pour nous!
La deuxième lecture est le dernier livre de Philippe Bloch, écrit pendant le confinement « Ce sera mieux après… sauf si on est trop cons! ».
Il y dresse un panorama large de tout ce que cette crise sanitaire a bousculé et questionne pour la suite. Il met en avant nos ambiguïtés et paradoxes : Mortalité ordinaire vs Mortalité extraordinaire, Peur & précaution vs Raison & Audace, Mondialisation vs Proximité, Profit vs People, Décroissance vs Une autre croissance, Ressentiment vs Unité, etc…
Philippe Bloch est toujours factuel mais résolument optimiste et engagé, je partage son choix de citations qui rythment les différents chapitres. Celles de l’introduction et de la conclusion synthétisent bien la tonalité de cet ouvrage : « Les hommes ne sont pas prisonniers de leur destin. Ils sont prisonniers de leur propre esprit » Franklin D.Roosevelt. « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » Gandhi.
Dans cet ouvrage publié en 2018, Jean Viard retrace les évolutions de la société Française depuis plusieurs dizaines d’années. Il remet en perspective la place du travail, celle des femmes, la ville et la campagne, les enjeux climatiques, la fracture sociale, etc…
Les faits sont étayés. L’essentiel est dit pour nous aider à prendre de la hauteur et mieux comprendre la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui.
Extrait :« La France. Nous allons y passer environ 700 000 heures chacun, y respirer 15 000 litres d’air par jour, y laisser deux enfants après 4000 à 6000 étreintes. Nous y travaillerons peu ou prou 70 000 heures après avoir fait, de plus en plus souvent, 30 000 heures d’études. Nous y perdrons nos parents vers 63 ans quand depuis dix ans déjà nos petite-enfants viennent pour les vacances. »
Jean Viard est sociologue, directeur de recherche associé au Cevipof-CNRS.
Les vacances sont souvent un moment privilégié pour se poser, s’évader et prendre du recul.
J’ai envie de partager avec vous deux lectures inspirantes avant de ré-attaquer le tourbillon de la rentrée et la dernière ligne droite d’une année 2020 inattendue et rupturiste!
LA PREMIERE est ma découverte du livre de Pascal Demurger, DG de la MAIF : « L’entreprise du XXIe siècle sera politique ou ne sera plus ».
Pour moi, les assureurs sont là en cas de situation difficile. Mais je me méfie des petites lignes en italique dans un contrat. Souvent , ce sont celles des désenchantements qui expliquent que le jour J le sinistre n’est pas couvert… J’ai aussi en tête toutes les offres que certains ont essayé de me vendre comme par exemple assurer les canalisations qui vont de ma maison au réseau d’assainissement… Bref ce sentiment est certainement partagés par de nombreux assurés mais peut-être pas par ceux de la MAIF qu’on appelle des sociétaires.
Pascal Demurger rejoint la MAIF il y a une dizaine d’années. Comme il l’explique, il a cheminé personnellement et s’est transformé peu à peu lui-même depuis 2015 en transformant l’entreprise.
Son déclic, marqueur de cette prise de conscience, date d’avril 2015. Au cours d’un séminaire de Managers, il rapporte qu’une intervenante extérieure, Laurence Vanhé, parmi les pionniers en Europe du « Bonheur au travail » l’interpelle : « Pascal , pense moins avec ta tête et plus avec ton coeur! ». Lui, le patron énarque, était invité à s’ouvrir aux autres avec simplicité et sincérité.
Qu’est-ce que cela a changé? Pascal Demuger a fait l’audace de la confiance, convaincu qu’elle est essentielle à la performance durable de l’entreprise.
Il écrit (p 135) : » Cette volonté un peu iconoclaste d’inscrire les relations au sein de l’entreprise dans un cadre de confiance et de faire reposer la motivation des collaborateurs sur l’envie plutôt que sur la crainte ou le seul intérêt revient à dépasser la simple confrontation entre les intérêts apparents et immédiats de l’entreprise et ceux de ses salariés. Elle exprime le choix d’intégrer les attentes des salariés, leurs aspirations, dans le fonctionnement de l’entreprise pour à la fois mieux y répondre,renforcer leur propre épanouissement et décupler l’efficacité collective« .
Pascal Demurger explique qu’au fil du temps, il a compris que s’épanouir dans son travail nécessite: * du SENS , contribuer à un projet collectif qui donne le sentiment d’être utile à ses clients, à ses collègues, aux autres, à la société. * de l‘ATTENTION, sincère et authentique portée aux autres, préalable indispensable à la confiance. * de l’EXIGENCE pour soi-même. Ce qui pour le dirigeant et les managers signifie l’exemplarité mais aussi de l’exigence pour le collectif. Fixer les objectifs et les conditions nécessaires pour les réaliser.
La CONFIANCE accordée aux collaborateurs est vertueuse. Il démontre qu’il existe une symétrie des attentions entre celle portée aux salariés et celle portée aux clients qui contribue à la performance de l’entreprise.
Ce management par la confiance, instauré comme pilier de la MAIF, a accompagné la transformation de l’entreprise avec un recentrage et un alignement fort sur ses valeurs mutualistes. Les mots d’introduction de Pascal Demurger pose avec clarté ses convictions et sa vision: » Ce livre n’a qu’une seule ambition. Celle d’inviter le lecteur à se projeter dans un monde aux antipodes du nôtre et qui, pourtant, est déjà en train d’éclore. Un monde auquel les entreprises, assumant leur responsabilité politique, contribueraient positivement, au-delà de leur seul apport économique. Ce n’est pas un monde idéalisé, une utopie inaccessible. Je le sais, car j’ai la chance de diriger une entreprise qui en fait partie. D’ailleurs, ni ma nature ni mes fonctions ne me portent à la rêverie ou à l’idéologie. Mais mon souhait est de témoigner, et plus encore de convaincre. Témoigner , car je mesure combien une entreprise peut servir le bien commun et combien cette contribution peut nourrir sa propre performance. Convaincre, car si ce qui est bon pour l’entreprise est bon pour le monde, alors il ya urgence à généraliser ce modèle.«
Je ne vous en dirai pas plus. J’espère avoir suscité votre curiosité et vous avoir donné envie de le lire. Personnellement, il résonne beaucoup avec mon expérience passée, mes convictions et mon envie de donner sens et utilité à mon action en entreprise.
LE DEUXIEME ouvrage complémentaire que je vous propose est celui de Patrick Mercier, Président et Co-Fondateur du Groupe de Communication CHANGE: « The power of Benevolence« .
Avecce livre, il apporte un regard averti et clairvoyant sur les enjeux mais aussi les opportunités que les marques ont à relever.
Qu’est-ce que la « Benevolence »? Patrick Mercier la définit en ces mots (p 30) :« la capacité des marques à être utiles et responsables dans le quotidien des gens ». Cette définition apporte une nouvelle grille de lecture des marques et du travail mené par l’agence pour les accompagner dans leur quête de sens.
Cette notion de « sens » est importante comme il le rappelle à travers les résultats de l’étude Meaningful Brands du groupe Havas (p 47): « 75% des consommateurs achètent des marques qui partagent leurs valeurs et 90% attendent que les marques leur offrent un contenu utile. Pourtant, ils déclarent que plus de la moitié du contenu des marques ne leur apporte rien ».
Ce livre est riche de très nombreux témoignages de dirigeants qui partagent leurs réflexions et leurs convictions. Comme Patrick Mercier l’écrit (p73): » Faire un livre sur la benevolence, c’est tenter de démontrer à travers des exemples, des réussites et parfois des échecs, que la volonté d’être utile peut être très vertueuse pour les marques qui notamment cherchent des relais de croissance dans un environnement concurrentiel qui est devenu fou et instable. »
J’aime beaucoup cette citation d’Henry Moore que Patrick Mercier mentionne dans son ouvrage : » Le secret d’une vie est d’avoir une mission, une chose à laquelle vous donnez tout… et le plus important, c’est que ce soit une chose hors de portée. »
Ce qui est valable pour un individu l’est aussi pour une organisation. Les entreprises ont un rôle capital à jouer pour répondre aux enjeux de notre monde. Les consommateurs citoyens attendent des actions utiles et concrètes.
Comme Pascal Demurger et Patrick Mercier le démontrent, les entreprises ont une opportunité à saisir pour prendre ou reprendre leur place d’actrices engagées. Ne pas le faire, c’est se mettre en risque.
Nous vivons dans un mode d’incertitudes depuis toujours mais nous l’avons oublié. La récente crise nous l’a rappelé. Edgar Morin disait récemment au sujet de ces incertitudes: « … nous devons apprendre à les accepter et à vivre avec elles, alors que notre civilisation nous a inculqué le besoin de certitudes toujours plus nombreuses sur le futur, souvent illusoires, parfois frivoles, quand on nous a décrit avec précision ce qui va nous arriver en 2025 ! L’arrivée de ce virus doit nous rappeler que l’incertitude reste un élément inexpugnable de la condition humaine ».
La question est donc de savoir comment nous pouvons nous adapter aux incertitudes? L’intelligence collective est peut-être une réponse.
On appelle intelligence collective la capacité d’une communauté à faire converger intelligence et connaissances pour avancer vers un but commun.
Pour Emile Servan Schreiber, formé à l’informatique et la psychologie cognitive, Fondateur des sociétés de conseil Lumenogic et Hypermind : « Personne n’est aussi intelligent que tout le monde ». Il explique que l’intelligence collective est celle qui émerge du collectif et non simplement la somme des intelligences. Ainsi, l’intelligence du groupe ne dépend pas que de l’intelligence des individus du groupe mais du fait, que les gens s’expriment et les autres écoutent. Cela donne naissance à de nouvelles idées ou solutions auxquelles chaque individu seul ne serait jamais arrivé.
Plus le groupe est composé de profils diversifiés, plus il est riche d’opinions variées et plus il est intelligent. Quand on observe ce qui s’est passé ces derniers mois, on peut relever plusieurs initiatives qui sont le fruit de cette intelligence collective.
Prenons par exemple, le cas des masques de plongée Décathlon. En mars, le docteur Renato Favero, de l’hôpital de Gardone Vol Trompia, se rapproche de l’entreprise Isinnova, basée à Brecia, dans le nord de l’Italie, spécialisée dans la fabrication 3D. Ensemble, ils mettent au point une pièce en 3D qui s’adapte sur le masque de Décathlon Easybreath. Ils apportent dans l’urgence une première réponse aux soignants.
Quelques semaines plus tard, une collaboration entre l’Université de Stanford aux USA, le CNRS et le CHU de Brest permet d’améliorer le système avec un filtre antiviral et antibactérien. En 17 jours, le masque devient un outil de protection parfaitement efficace, un exploit !
Autre exemple, en Espagne au pic de la crise l’état central n’arrive pas à coordonner les ressources médicales entre les différentes régions. Les soignants prennent la main en direct pour s’organiser entre confrères et trouver les compétences, lits de réanimation, matériel dont ils ont besoin. Des initiatives identiques ont été observées en France.
Qu’est-ce que cela dit ?
Tout simplement, qu’en situation d’incertitude, il fait agir et réagir vite. Cela requiert de l’agilité pour aller chercher et trouver des solutions inhabituelles. Décider de façon centralisée ne permet ni la réactivité ni la créativité nécessaires. Cela questionne le fonctionnement de nos administrations par nature centralisatrices. Comment les faire évoluer ?
Qu’en est-il en entreprise ?
La situation est similaire. Emile Servan-Schreiber déclarait dans une interview à La Nouvelle République en février dernier : « Ceux qui sont sur le terrain ont des éléments essentiels à faire remonter, précise-t-il. Quand il s’agit de parier sur le succès d’un nouveau produit, il est plus efficace de demander l’avis de tous les salariés qu’utiliser des datas, tout en conservant des organisations hiérarchiques. Je ne crois pas du tout à l’organisation horizontale, on a besoin de décideurs. Mais le dialogue est plus fluide du haut vers le bas et du bas vers le haut, aidant les décideurs à prendre les bonnes décisions ».
Mettre en place une culture de l’intelligence collective est indispensable pour permettre aux entreprises elles aussi de s’adapter en permanence rapidement à un environnement en mouvement constant. Cela requiert une véritable volonté et capacité du dirigeant à mettre en confiance pour libérer les initiatives et énergies. Il faut pour cela que les relais managériaux en comprennent bien le sens et y participent eux-mêmes. La question n’est pas la perte de pouvoir mais la nécessité de s’appuyer sur un collectif fort pour faire face aux incertitudes. Woodrow Wilson, Président de la Société des Nations disait : « J’utilise tout mon cerveau et aussi tous ceux que je peux emprunter ». Cela est d’autant plus facile avec les outils numériques à notre disposition. Ils permettent de collecter les avis et idées de tous. Ainsi la décision se construit avec l’équipe et les partie-prenantes de l’entreprise.
L’intelligence collective est intuitive pour les nouvelles générations qui ont grandi avec internet et qui vivent en réseaux. Elles sont collectives.
L’enjeu pour notre société, nos administrations, nos entreprises est de créer les conditions pour mieux utiliser l’intelligence de chacun au service de tous.
Souvenons-nous : « Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin », proverbe Africain.
L’Obsoco et l’ADEME ont conduit du 6 au 13 mai 2020, une enquête sur 1888 personnes de 18 à 70 ans. Cette étude a mesuré l’évolution du degré d’adhésion des Français à trois modèles de société idéale : l’utopie écologique, l’utopie sécuritaire et l’utopie techno-libérale. Elle observe les évolutions par rapport à l’Observatoire des perspectives utopiques élaboré en 2019 en collaboration avec l’ADEME, BPI-France et la Chaire ESCP-E.Leclerc – BearingPoint.
L’Obsoco a proposé aux sondés de réagir à trois modèles de sociétés. Ils ont été inspirés des valeurs portées par des leaders d’opinion et mouvements sociaux.
1/ L’utopie écologique prend en compte les enjeux environnementaux et une consommation plus responsable et sobre. Consommer moins mais mieux.
2/ L’utopie sécuritaire rejette la mondialisation et ses effets. Elle prône le replis sur soi et la nostalgie d’une identité nationale rempart absolu.
3/ L’utopie techno-libérale fait confiance aux progrès technologiques pour trouver des solutions aux enjeux de notre monde. Ils sont la clé d’une croissance inexorable au service de l’individu pouvant mener au transhumanisme.
On observe très peu d’évolutions entre 2019 et 2020. Ce qui était valable avant, l’est toujours après.
L’utopie écologique se détache :
Elle reste majoritaire avec 54.6%. Elle est suivie par l’utopie sécuritaire à 31.1% (contre 29.5% dans la précédente vague). L’utopie techno-libérale passe de 15.9% à 14.4%. Les supporters de l’utopie écologique gagnent 3pts à 58%. Elle est préférée de 72 % des 18-24 ans contre 61% en 2019, mais de seulement 40 % des 65-70 ans contre 51% en 2019. Les détracteurs passent de 5% à 4%.
Pour ce qui concerne l’utopie sécuritaire, les supporters passent de 30% à 32%. Les détracteurs restent stables à 9%. Il est intéressant de constater sur les tranches d’âge une tendance inverse aux résultats observés sur l’utopie écologique. La préférence pour l’utopie sécuritaire progresse avec l’âge, passant de 22 % chez les 18-24 ans à 44 % chez les 65-70 ans.
L’utopie écologique est plus marquée par les CSP+. A l’inverse les utopies sécuritaires et techno-libérales sont plus présentes sur les classes intermédiaires et CSP-.
On observe à la fois un clivage générationnel et social.
Les aspirations politiques influencent les préférences :
Les répondants se situant « au centre » sont 68% à être partisans de l’utopie écologique contre 56 % dans la précédente vague. La tendance est dans une moindre mesure similaire pour les sympathisants « à droite » qui passent de 40 % à 44 %. Il est intéressant de souligner que la part des partisans de l’utopie écologique parmi les répondants se déclarant « gilets jaunes » ayant participé à la mobilisation progresse de 10 points, de 50 % à 60 %, au détriment de l’utopie techno-libérale.
Porosité entre entre les supporters de l’utopie écologique et de l’utopie sécuritaire :
75% de ces derniers se sont en 2020 déclarés en faveur de l’utopie écologique. En retour 76% des partisans écologiques se sont tournés vers l’utopie sécuritaire. De son côté, les supporters de l’utopie techno-libérale en 2019 qui ont cessé d’apparaître comme des supporters en 2020, privilégient pour 57% l’utopie écologique, contre 43 % qui ont rejoint les rangs de l’utopie sécuritaire.
Pourquoi préférer une utopie ?
L’utopie écologique est toujours préférée pour son impact sur les modes de vie et de consommation. Les deux autres items qui expliquent cette préférence sont la relocalisation de l’économie et la transition écologique financée par la taxation du carbone.
L’utopie sécuritaire se distingue par un étatisme plus fort pour garantir la souveraineté et des actions sociales notamment en matière de logement.
Réussir sa vie ?
La conception d’une vie réussie pour les Français évolue peu entre 2019 et 2020 .
L’épanouissement personnel et la réalisation de soi sont toujours en première position à 37% mais perdent 3pts vs 2019 (40%). Puis viennent le confort matériel et l’aisance financière à 25% contre 27% en 2019. Enfin réussir à multiplier les sources de plaisir, limiter les peines et les souffrances se classent en troisième position à 22% contre 21% dans la précédente vague. Le seul item qui évolue significativement est « Une vie en harmonie avec la nature » en 6eme position, de 15% à 20%? C’est certainement un impact direct du confinement.
Plus de temps disponible, pourquoi faire ?
Si les Français avaient plus de temps disponible, ils aimeraient à 51% le passer avec leur proches? C’est 57% pour les femmes et 45% pour les hommes. Un tiers aimerait faire plus de choses par soi-même (bricoler, jardiner, cuisiner, coudre…), sans grand changement par rapport à 2019.
Le cadre de vie idéal, ce serait quoi ?
Interrogés sur le cadre de vie idéal, les réponses ont évolué vs 2019 . Pour 42% ce qui compte c’est la proximité avec la famille (+5pts). La progression est de 10 pts chez les partisans de l’utopie sécuritaire, de 8 pts chez les femmes, 9 pts sur les 18-24 ans et + 15 pts sur les 65-70 ans. 38% recherchent le contact avec la nature (+1pt) et 28% un environnement moins pollué (stable).
Une fois de plus, cette enquête démontre à la fois que les tendances présentes avant cette crise se confirment et s’ancrent dans la société. Elle révèle aussi les clivages qui y sont liés : générationnels, sociaux, politiques… autant de visions différentes du monde.
Pendant les deux mois de confinement, nous avons redécouvert le chant des oiseaux. Nous nous sommes émerveillés de voir les animaux réinvestir les villes. Repensons à cette image des canards se promenant en plein Paris ! Nous nous sommes languis de nos parcs, forêts, plages, chemins à travers champs. Cet éloignement nous a fait désirer la nature, sa flore et sa faune.
La journée du 5 juin tombe à point nommé pour nous rappeler à quel point elle nous a manqué et combien elle a besoin d’être protégée.
Les Nations Unies ont choisi cette date pour chaque année pour nous sensibiliser à la protection de l’environnement. C’est une question d’importance majeure qui affecte le bien-être des populations et le développement économique à travers le monde.
En 2020, le thème retenu pour la journée mondiale de l’environnement est la biodiversité.
1- Qu’est-ce que la biodiversité ?
La terre est une planète vivante, elle regroupe plus de 8 millions d’espèces. On estime qu’environ 15% du vivant est connu. La faune, la flore, les bactéries, les éco-systèmes (mer, forêt, etc) constituent la biodiversité. Elle est essentielle à notre vie car dans la nature, nous puisons notre alimentation et notre énergie.
2- Pourquoi choisir ce thème en 2020 ?
Parce que cette biodiversité est en danger. C’est que révèle le rapport de l’IPBES publié le 6 mai 2019. L’IPBES, décrit comme le « GIEC pour la biodiversité », est un organisme intergouvernemental indépendant comprenant plus de 130 Etats membres. Mis en place par les gouvernements en 2012, il fournit aux décideurs des évaluations scientifiques objectives sur l’état des connaissances sur la biodiversité de la planète, les écosystèmes et les contributions qu’ils apportent aux populations.
Dans ses conclusions , ce comité d’expert déclare : « La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine – et le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier ». Il estime que le rythme est « … au moins des dizaines ou des centaines de fois supérieur à ce qu’il a été en moyenne durant les dernières 10 millions d’années ».
Le rapport estime qu’environ 1 million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction au cours des prochaines décennies.
3- Quelques chiffres témoignent de la dégradation de la biodiversité :
– Depuis 1900, plus de 40% des amphibiens ont disparu, 33% des coraux, 31% des requins et raies, 25% des mammifères, 19% des reptiles, plus de 13% des oiseaux, etc… – 75% de l’éco-système terrestre est très altéré. – 66% des milieux marins ont été significativement modifiés par l’action de l’homme. – 85% des zones humides ont été perdues. – Plus d’un tiers de la surface terrestre du monde et près de 75 % des ressources en eau douce sont maintenant destinées à l’agriculture ou à l’élevage.
4- Quelles en sont les principales causes?
30% des impacts sont liés à la destruction et la fragmentation des milieux naturels (déforestation, extraction minière, grands barrages hydrauliques, routes et étalement urbain). Les zones urbaines ont plus que doublé depuis 1992.
23% sont liés à la surexploitation des ressources naturelles (chasse, pêche, coupe du bois). La valeur de la production agricole a augmenté de 300% depuis 1970.
14% résultent du changement climatique. Depuis 1980, les émissions de gaz à effet de serre ont été multipliées par deux, provoquant une augmentation des températures moyennes mondiales d’au moins 0,7 degré Celsius. 100 à 300 millions de personnes sont exposées à un risque accru d’inondations et d’ouragans.
14% viennent dela pollution des sols, des eaux, et de l’air (notamment les pesticides). Le volume de déchets industriels et plastique dans les océans a été multiplié par 10 depuis 1980. Environ 300-400 millions de tonnes de métaux lourds, solvants, boues toxiques et autres déchets issus des sites industriels sont déversés chaque année dans les eaux du monde.
11% sont liés aux espèces invasives. Ce sont des espèces exotiques qui deviennent nuisibles aux espèces autochtones. Exemple : les chenilles processionnaires ou l’amarante, une plante qui résiste et s’adapte aux pesticides.
Tous ces chiffres donnent le tournis! Mais la question n’est pas de baisser les bras. Il faut agir ! Car la perte de biodiversité est non seulement un problème environnemental, mais aussi un enjeu lié au développement, à l’économie, la sécurité, la société et l’éthique.
Selon Sir Robert Watson, président de l’IPBES «…il n’est pas trop tard pour agir, mais seulement si nous commençons à le faire maintenant à tous les niveaux, du local au mondial. Grâce au « changement transformateur », la nature peut encore être conservée, restaurée et utilisée de manière durable – ce qui est également essentiel pour répondre à la plupart des autres objectifs mondiaux. Par «changement transformateur », on entend un changement fondamental à l’échelle d’un système, qui prend en considération les facteurs technologiques, économiques et sociaux, y compris en termes de paradigmes, objectifs et valeurs ».
5-Comment agir?
Le WWF France, la Croix-Rouge, le groupe SOS ou Make.orgpar ont lancé une consultation citoyenne pour préparer l’après-crise sanitaire de la Covid-19 qui a rassemblé 165 000 participants. 20 000 propositions ont été élaborées pour « inventer le monde d’après ». Quatorze idées ont été jugées « prioritaires » par les participants, notamment en matière d’agro-écologie, d’économie circulaire, de mobilité alternative ou encore de protection de la biodiversité.
Ils ont été rejoints dans cette démarche d’intelligence collective par 184 000 signataires d’une pétition. Une vingtaine d’organisations associatives et syndicales ont ainsi proposé 34 mesures pour préparer un plan de sortie de crise écologique et social.
De même, une soixantaine de parlementaires ont eux aussi lancé une consultation citoyenne. Elle a recueilli 8 700 propositions pour « un jour d’après plus juste, plus solidaire, plus respectueux de l’environnement, et plus démocratique ». Ils ont élaboré 30 propositions articulées autour de quatre thèmes : la santé, la sobriété, la solidarité, et la souveraineté.
Au sein de la société civile, les entreprises ont un rôle majeur à jouer pour initier et accompagner les changements nécessaires. C’est ce qu’attendent les consommateurs-citoyens. Selon Olivier Vigneaux Co-Président de BETC Fullsix , 71% des Prosumers™ –individus pro-actifs – considèrent que les grandes entreprises vont pouvoir profiter de leur échelle pour être motrices des changements de fond attendus.
Ils sont 86% à avoir désormais plus confiance dans les entreprises qui ont participé pro activement à protéger les consommateurs pendant la crise. Elles y ont gagné un capital de confiance précieux.
A ce titre, on peut espérer que la décision d’Emmanuel Faber PDG de Danone qui veut faire de son groupe la première entreprise au monde cotée en bourse à devenir entreprise à mission va ouvrir la voie à de nombreuses autres.
En attendant, le 5 juin et tous les autres jours agissons tous pour la biodiversité !